L’authenticité manipulée
Je bute sur ce mot: authenticité. Je ne m’explique pas le glissement de la recherche de l’essentiel – pour certain-es retrouver un lien à la Terre – vers un « droit » à être soi-même, à s’auto-réaliser, qui, libéré des dressages éducatifs et des rôles assignés, a envahi comportements de consommation et revendications sociales. Cet idéal, devenu une norme dominante, comme le démontre Gilles Lipovetsky dans son dernier essai, devient une imposture quand elle stipule qu’il suffirait de devenir authentique – ne plus manger de viande, ne plus se déplacer en avion – pour résoudre les défis gigantesques en terme de réduction des émissions de CO2, d’alimentation, d’éducation et de santé des bientôt 10 milliards d’humains. Agir pour le bien commun demande de dépasser la légitimité que nous nous donnons de gouverner notre vie comme bon nous semble. Les sciences sont là pour rappeler les limites de nos conditions de vie sur cette planète, pas l’authenticité.